Systema à Augsburg avec Mikhail Ryabko

Coucou les gens,

Mikhail viendra nous rendre visite le week-end du 2-3 mai 2009. S'il y a des intéressés, je peux loger un peu de monde. Je vous donnerai plus de détails dès que j'en aurai.

Bon en fait ce sera à Augsburg, comme l'an dernier. C'est un peu plus loin mais c'est toujours direct en train depuis Paris (compter 5h de trajet avec le TGV). Pour ceux qui veulent économiser sur le billet de train, je peux emmener 2 personnes depuis Karlsruhe. Possibilité de dormir sur place au dojo, sinon y'a plein d'hôtels dans la région, en particulier une petite pension de famille pas très chère et super classe dans laquelle Julia et moi étions l'an dernier. A priori Mikhail viendra sans son fils cette fois.

Pour les plus hardcore d'entre vous, toute la semaine qui précède est constituée de stages divers et variés de plus haut niveau que le séminaire "de masse" du week-end. Pas encore d'info sur les tarifs; si c'est comme l'an dernier ce sera 80 € pour le WE. Je vous tiens au courant.

Ouaaaiiiis, je suis encore en vie!

Le 11e séminaire européen de systema s'est déroulé le ouikènde passé à Augsburg en Bavière, sous la direction non pas de Mikhail Ryabko qui s'est vu refuser son visa au dernier moment, mais de Valentin Talanov qui a pu venir au pied levé. Andreas Weitzel, directeur allemand de l'ESA et enseignant à Augsburg, organisa la rencontre. Environ 60 participants au total, venant d'Allemagne, Autriche, Suisse, Belgique, France, Pays-Bas, Italie, Russie et Serbie, ont répondu à l'appel.

Samedi 02 mai

Echauffement classique: marche avec respiration couplée. 1 pas inspiration, 1 pas expiration, montée jusqu'en 9/9, pas méchant, puis avec paliers 5 in - 5 apnée - 5 ex - 5 apnée, montée 9/9/9/9, tout de suite beaucoup plus chaud. Quelques exos à rythme asymétrique, puis travail alternant apnée / respiration rapide, pour apprendre à jouer sur la pression sanguine et le stress dû au manque d'air. Ceux qui n'étaient pas encore au courant ont vite compris que la respiration, c'est la base du Systema... Dans le vocabulaire local d'ailleurs, la "respiration" ce n'est pas seulement l'air qui entre et sort des poumons, mais fait référence à l'ensemble de l'état physiologique, psychologique et émotionnel. C'est là-dessus que nous avons bossé pendant deux jours, ce qui a donné à des exercices autrement standard une couleur et une tournure intéressantes.

Suite à cette mise en poumons, nous attaquâmes le travail des membres supérieurs. Frappes sur partenaire semi-passif, debout, à genoux et au sol, le partenaire travaillant simplement en absorption/enroulement. Valentin nous a (re)donné les principes de base pour recevoir les coups au visage, indispensable pour pouvoir travailler librement par la suite. Puis travail de distance en esquive contre un, puis trois partenaires, introduction progressive de contre-attaques. Le but du travail n'étant pas d'en coller une à l'attaquant, mais d'arriver à maintenir sa forme de corps et son état interne dans le déplacement, quel que soit le rythme que le partenaire tente de nous imposer. Placer une riposte se fait dans ces conditions uniquement quand la situation s'y prête parfaitement.

Même travail ensuite sur les membres inférieurs: appréhension du mouvement naturel de la jambe, recherche des angles de travail sur partenaire statique, travail d'absorption, travail d'esquive. Le but du travail était le même que durant la première partie - conserver son état interne - mais sur un travail technique et une composante physiologique différents. C'est seulement après une bonne heure de travail purement "passif", en esquive, que nous commençâmes à aborder des contre-attaques. Dur dur de garder la tête froide et de maintenir un état placide quand on sait qu'on a le droit de taper... ce qui est en fait tout l'intérêt du travail.

Pour boucler, défense sur coups de pieds au sol, dans la même optique, puis massage. 6h de boulot intense avec 10 minutes de pause au milieu, nous étions tous bien contents de pouvoir sauter sous la douche, d'autant plus que l'atmosphère dans la salle de sport commençait à relever du sauna... Le buffet du soir fut également accueilli avec joie par 60 estomacs vides qui commençaient à fatiguer de se faire taper dessus.

Dimanche 03 mai

Exos respiratoire en coup de vent histoire de relancer la machine, puis travail d'étirement. Ben pour un gros nounours plein de muscles, il est d'une souplesse, le p'tit père Talanov ... Ecrasement facial, à froid? No problem! Assis, monter un pied à la tête? Et hop, c'est fait, et avec le dos droit, s'il vous plaît! Grand écart? Je rigole! Nous souffrîmes donc en silence devant un Valentin qui semblait parfaitement à l'aise, même tordu dans toutes les directions. Y'avait pourtant deux-trois kung-fouteux dans l'assistance, que je trouvais déjà vachement souples, eh ben ils faisaient grise mine face à Talanov. J'ai révisé très rapidement mon opinion comme quoi les systémeux ne s'étiraient pas assez et manquaient de souplesse (enfin, dans mon cas c'est toujours vrai, soyons honnête...).

Histoire de reprendre là où nous nous étions arrêtés, travail au couteau. Maintien de la forme de corps, maintien de l'état physiologique et émotionnel... la même chose que la veille, mais au couteau, où les enjeux et distances sont très différents. Nous avons travaillé dans la même optique quelques sorties quand un membre est coincé entre le couteau pris en reverse grip et le bras de l'attaquant. Travail de distance, puis travail de riposte sur le membre qui tient l'arme d'abord, n'importe où sur le corps de l'attaquant ensuite. L'intéressant dans ce genre de travail est de bien garder en tête les trois principes clé (respiration, forme de corps, déplacement), gérer la lame, gérer les autres formes d'attaque de l'adversaire qui ne se prive pas pour nous allogner une beigne si on fixe trop la lame du couteau, et gérer les autres participants qui s'amusent à te planter quand tu passes à portée . J'adore .

Du couteau nous passâmes à la chaîne, avec des exercices très basiques vu qu'un bon tiers des participants n'en avaient jamais fait de leur vie, et toujours dans la même optique de maintien de l'état interne. Placement/déplacement, absorption de la chaîne, travail de redirection, puis travail "défensif dynamique" contre un attaquant... déchaîné! Content, j'ai réussi quelques beaux renvois et même deux-trois désarmements sans trop me faire toucher. Je sens que les longues heures de travail au bâton chez Mirco ont fait leur effet: mes esquives sont potables et je maintiens plutôt bien mon état interne dans ce genre de situations.

Nous bouclîmes (clâmes? clûmes?) sur divers exercices de massage. Valentin commença par nous démontrer sur deux volontaires l'utilisation du fouet dans les massages thérapeutiques; je crois que je vais travailler un peu ma respiration et mon contrôle psychologique avant de tenter l'expérience . Puis massage en marchant sur le partenaire, principes de recherche et libération des tensions, travail de respiration du partenaire massé... toutes les bases de la thérapeutique systema revues rapidement, avec application. Conclusion: mon pote Berthold qui pèse 140 kg, sur le dos et les bras ça va, sur les jambes beaucoup moins, ce qui confirme mon impression du matin que mes jambes et mon bassin sont bien plus contractés que je ne croyais initialement.

Deux jour de transpiration et de plaisir sous la conduite d'un enseignant combinant un pragmatisme rafraîchissant et un savoir monumental, qui manifestement était très content d'être là et s'est lui-même bien éclaté. Une excellente expérience qui m'a, une fois de plus, remis certaines idées en place et offert de nombreux axes de travail... pour être prêt l'an prochain!

Ca avait l'air bien

trop bien

Merci pour ce compte rendu!!

Kat' a écrit:

Le 11e séminaire européen de systema s'est déroulé le ouikènde passé à Augsburg en Bavière, sous la direction non pas de Mikhail Ryabko qui s'est vu refuser son visa au dernier moment, mais de Valentin Talanov qui a pu venir au pied levé.

Ah la douane allemande toujours aussi efficace à ce que je vois.

J'aimerai bien tenter l'expérience un jour, tiens nous au courant

Avec plaisir. Mes profs organisent régulièrement des stages sur Rastatt pas loin de chez moi, je vous tiendrai au courant.

Nouvelle mouture de la rencontre le 10-11 avril, à nouveau à Augsburg. J'y serai, bien entendu. Toutes infos et formulaire d'inscription sur rma-systema.de

Et un de plus !

Fin de la douzième mouture du stage européen annuel d'Augsburg, sous la conduite de Mikhail Ryabko, Adreas Weitzel et Valentin Zaikovitch (je crois que j'ai écorché son nom, faudra vérifier). Environ 100 participants venus de toute l'Europe, un bon mélange de différentes corpulences, différentes formes de pratique, différents niveaux d'expérience (respect à l'Autrichien qui n'avait jamais fait d'AM de sa vie et est tombé sur le systema en cherchant un pianiste russe sur Youtube...), tout centré autour d'un sujet: la frappe en Systema.

Samedi
Début par quelques brefs exercices respiratoires (montée-descente respiratoire en marche de 1 à 10 et course de 1 à 20) avant d'entrer directement dans le vif du sujet: frappes de massage. Où et comment frapper pour libérer les tensions, applications sur partenaire: travail sur le trapèze, les fessiers, les pectoraux, les abdos droits, le diaphragme, le deltoide. Mikhail a surtout insisté sur le fait qu'apprendre à recevoir une frappe était plus important qu'apprendre à en donner, et que pour apprendre à donner il fallait d'abord savoir recevoir. Ce que nous fîmes.

Suivit un travail plus en finesse sur la perception des tensions, sous la conduite de Valentin, un grand monsieur tout maigre qui a l'air de bien s'amuser tout le temps. D'abord diverses formes de pompes: respiration décalée (i.e. la phase respiratoire est amorcée avant le début du mouvement... c'est vachement confortable, en fait), exercices de maintien de la structure en levant un bras, puis un bras et la jambe opposée (tricky...), puis un bras et la même jambe (encore plus tricky...). Flexions et abdos sur le même principe de respiration décalée. Ensuite, travail du poing en quasi-statique au contact de l'adversaire: appliquer le poing, chercher la bonne profondeur, ressentir les tensions et le fonctionnement interne, créer ou libérer une tension pour provoquer un effet. J'ai compris avec ces exercices une différence entre certaines formes de frappes que Johnny m'avait démontrée lors du dernier KIWi, et maintenant je peux l'affirmer haut et fort: oui, on a les mêmes en Systema, c'est juste qu'à l'époque il me manquait cette portion de l'enseignement.

Petite parenthèse sur les frappes vrillées, et quand tourner le poing lors de l'impact pour créer une sensation méga-zarbi dans le ventre du récepteur. 1/ c'est vraiment méga-zarbi, 2/ c'est pas facile et 3/ c'est simple à annuler avec une contre-frappe, donc nous nous en sommes donnés à coeur-joie.

Finalement, travail rapide sur les frappes assommantes au visage, démontré, entre autres, sur votre serviteur. Marrant l'effet dévastateur que peut avoir une pichenette, quand cette pichenette est effectuée par Ryabko. L'effet est vraiment stupéfiant: une frappe de rien du tout dans le bon angle et avec la bonne technique sur la joue, et il y a comme un blanc pendant une demi-seconde avant de revenir à la normale. J'ai moi-même essayé sur quelqu'un d'autre: ça marche, il ne faut pas grand-chose pour créer un effet, et il se faut de peu pour transformer cet effet somme toute gentillet en une vraie mandale qui fait bien mal.

Un bon resto avec ma belle-soeur et une bonne nuit de sommeil, et les migraines sont parties d'elles-mêmes.

Dimanche
Travail au bâton, l'arme préférée de Mikhail, suivant plus ou moins le même principe: d'abord travail de détente, tapotage-massage, puis recherche des différentes frappes avec divers effets: en surface, en profondeur, vers le bas, vers le haut, traversant, relaxant, alourdissant... y'avait de quoi nous occuper pendant un moment. C'est dingue comment une frappe au bâton bien donnée peut être "clean": non seulement l'effet est sans appel, mais en plus ça ne laisse que très peu de traces sur le corps: j'ai des marques rouges un peu partout, mais c'est uniquement en surface, il n'y a ni hématome ni tension en-dessous, pourtant à la réception de la frappe j'étais pas fier (là encore, Ryabko s'est fait un plaisir de me montrer personnellement quelques finesses... merci, sensei, merci).

Histoire de nous metttre en jambes pour la pause de midi, atelier de contrôle de l'agressivité: comment utiliser des frappes sèches et rapides sur les bras et les jambes pour neutraliser l'intention d'un assaillant. Le rythme plus rapide ajoute bien entendu une difficulté supplémentaire, et c'est dans ces situations qu'on voit si notre frappe sèche et rapide est toujours une bonne frappe avec de l'effet ou seulement une chiquenaude sans intérêt qui ne fait qu'irriter la peau.

Après la pause, reprise de travail de fond avec Valentin qui commença par quelques échauffements au bâton: comment utiliser le bâton comme appui pour bouger contre le mur, comment se relever de la position allongée en un seul mouvement en utilisant le bâton (très, très chaud), comment utiliser le bâton pour créer une transition fluide debout-sol. Ensuite, histoire de continuer dans le travail de sensation, petit jeu de lutte: un défenseur au sol tente de conserver le contrôle du bâton, l'attaquant tente de le désarmer. Le premeir partenaire sur lequel je suis tombé était une brute avec un peu trop de testostérone qui a fini par se fatiguer très vite (fallait bien qu'il y ait un crétin sur la masse de pratiquants), le second était un petit agile qui était très à l'aise au sol et m'a donné beaucoup de fil à retordre. Dingue comme l'intention et l'état d'esprit modifient complètement un exercice: avec le premier gars, je m'ennuyais, on parlait pratiquement pas, avec le second, c'était la pure rigolade et on commentait le travail en pleine action malgré les noeuds, alors que le contenu technique était grossièrement le même.

Conclusion sur un travail plutôt difficile sur les auto-blocages de la structure et comment utiliser les réflexes de contraction du corps pour que l'attaquant se retrouve coincé avec sa propre arme. La difficulté de l'atelier était pour l'attaquant de se placer dans la bonne condition psychologique pour permettre le travail, ce qui était plus que difficile après tout un stage passé à se détendre. Sur le coup, je n'ai rien compris à l'atelier, c'est après coup que j'ai réalisé que ce genre de travail ne faisait sens que sur un assaillant très puissant qui s'accrochait au bâton comme à sa propre vie.

Massage, séance de discussion, photo, accolades d'adieu, larmes, bisous, envolées lyriques, et à la prochaine.

Merci pour ce compte rendu!!

merci pour le CR

Si je comprend bien travail sur le souffle et la détente et la sensation procurée plus qu'un apprentissage proprement technique technicienne ?

Exactement. Il y a bien eu un peu de technique au niveau de l'approche des frappes mais le gros du stage était surtout un travail en sensation.

Bon, on se retrouve ce WE alors!

Non... Comme j'ai écrit sur mon blog, je n'ai pas eu de place.

@ Kat'

1000 merci (un peu tardifs - j'étais en voyage dans des contrées sans Net) pour tes magnifiques CR . Tout çà fait très envie.